Date de réalisation : 2020
Région : Normandie
Programme : Ecurie active d’élevage poulains / poulinières et pension sportive
HORSE STOP® : Pouvez-vous nous décrire rapidement votre écurie, votre pratique avec les chevaux et vos objectifs.
Marion Roujolle – Ecurie Albalia :
Mon élevage (élevage Albalia) est orienté vers le CCE- CSO, il compte environ 4 poulinières et produit de chevaux de sport de haute valeur génétique. Cela représente selon les années et l’âge de leur commercialisation environ 10 chevaux d’élevage. J’accueille également des chevaux en pension. L’écurie est accolée à la maison et nous avons la chance d’être installés dans le cadre privilégié d’un parc de château qui est naturellement protégé du vent et très au calme.
Même si j’accepte des pensions d’élevage, j’ai plutôt des pensions de chevaux pour de cavaliers tournés vers une pratique sportive et de compétition.
Nous disposons d’une grande carrière de 60x20m avec un parc d’obstacles et la possibilité d’accéder à des chemins.
L’écurie active est agencée autour de la maison la surveillance est donc à la fois facile et permanente. Cet aspect est un gage de tranquillité autant pour moi que pour les propriétaires.
HORSE STOP® : Vous hébergez des chevaux chez vous depuis un certain nombre d’années et vous élevez des chevaux destinés à la discipline du concours complet. Pourquoi avoir changé votre approche de l’hébergement ?
Marion Roujolle – Ecurie Albalia : Après avoir testé toutes les solutions (box paddock ; stabulation ; pâture) j’ai constaté que c’était soit le palefrenier (moi) qui était malheureux, soit les chevaux. L’écurie active semblait être le mode d’hébergement qui préservait le bien-être de tout le monde. Comme mes chevaux allaient déjà au paddock en groupes et que la vie en troupeau est naturelle chez eux, le principe d’un hébergement en groupe même plus important restait tout à fait logique à mon sens.
HORSE STOP® : Vous avez fait appel à HORSE STOP® pour vous accompagner dans ce projet. Pouvez-vous nous décrire l’évolution de votre de votre projet de son déroulement depuis l’idée initiale jusqu’à la réalisation ?
Marion Roujolle – Ecurie Albalia :
Effectivement, l’étape à ne pas bâcler et rater est celle du plan car quand les éléments et surtout les automates sont installés, on ne peut pas revenir en arrière. On peut voir sur les réseaux sociaux des gens qui se disent qu’ils vont faire leur plan par eux même mais c’est un métier à part entière et ça ne s’invente pas. Je ne voulais surtout pas d’un gros bloc d’écurie active en plein milieu. Par exemple chez nous, vous avez su vous adapter à la proximité à la fois de la maison et de l’environnement en respectant et valorisant les vieux arbres du parc. Le résultat est très réussi avec une écurie assez aérée qui incite les chevaux à marcher. Je suis très contente de ce résultat.
Les livraisons se sont très bien déroulées. La logistique a été bien gérée. Nous avons pris du retard avec la crise du COVID. L’installation des automates a été effectuée de façon réactive en s’adaptant aux quelques imprévus et les chevaux ont toujours pu être soignés dans les meilleures conditions.
La partie la plus difficile pour moi a été le suivi du terrassement qui s’est déroulé en conditions humides et où il a fallu relancer le terrassier à plusieurs reprises pour que le chantier avance.
HORSE STOP® : Vous avez installé des automates et stabilisé les sols dans votre écurie active. Pouvez-vous nous indiquer les raisons de vos choix et votre retour après les premiers mois d’utilisation.
Marion Roujolle – Ecurie Albalia : Le choix des automates a été fait surtout pour la possibilité de pouvoir individualiser et fractionner les rations. Je me rends également compte aujourd’hui que la machine remplace l’homme à merveille mais qu’elle est également plus précise : si on lui indique 100 gr en plus ou en moins, elle le fait de façon précise, ce qu’aucun homme ne peut faire avec la mesure de 2L que nous avons tous dans la graineterie. Bien nourrir les chevaux ne consiste pas à les gaver mais à être précis. Par exemple, les minéraux qui coûtent le plus cher dans l’alimentation sont ainsi distribués de façon rigoureuse. On a vite fait de sur ou sous doser des rations, ce qui a un effet rapide sur la santé ou sur le coût de rationnement. Cette précision est un réel point fort du DAC. Je fais un point tous les 15 J sur l’état des chevaux et je réajuste les rations en conséquence. Le DAC me permet d’effectuer un travail de qualité.
Pour le DIF, c’est la même chose, on peut être précis. Dans une écurie traditionnelle, on a beau indiquer 10 kg par cheval, selon la personne qui nourrit, ça varie facilement entre 6 et 15 kg. Avec le DIF, je peux même me faire remplacer, la ration demeurera identique.
Pour la porte sélective, je me considère toujours en apprentissage pour les réglages. Les plus jeunes, qui ont appris facilement, maitrisent parfaitement le système et ils bénéficient ainsi du système global de l’écurie active en faisant des allers retours et ainsi marchent beaucoup. Mes poulinières qui sont un peu plus âgées ainsi que les plus vieux ne sont pas encore parfaitement en confiance avec les portillons anti-retour et je dois encore les accompagner pour les franchir. Elles passent donc encore trop de temps au libre-service et mangent trop de foin. Mes réglages d’horaires et les apprentissages sont donc encore à peaufiner pour limiter cette surconsommation. Bref, moins ils ont de « passé » plus ils apprennent vite.
Le curage mécanisé sur les dalles reste un point clé et encore sensible. En effet, mon tracteur est assez lourd et certaines dalles ont tendance à bouger. J’ai remarqué qu’autour des râteliers, le sol s’est parfaitement compacté et que les dalles sont bien ancrées, ce qui est moins le cas en périphérie des zones de curage. Mon confrère Pascal Frotiee (Les écuries de Lisors) m’a rassuré en m’expliquant qu’avec le temps, toutes les dalles finissent par se caler. En discutant avec les autres gérants d’écurie active, il apparait qu’un engin plus léger de type valet de ferme ou petit tracteur génère moins de ripage sur les dalles. Il reste évident aussi que, quel que soit le type de dalle, le balayage mécanisé est une tâche qui nécessite à la fois minutie et habitude et qu’elle ne peut être laissée à un stagiaire ou un service de remplacement.
HORSE STOP® : Vous utilisez l’écurie active y compris pour les chevaux d’élevage. Ce n’est pas une méthode traditionnelle. Pouvez-vous nous partager votre expérience à ce sujet ?
Marion Roujolle – Ecurie Albalia : L’aménagement de l’écurie reste récent et je n’ai eu qu’un poulinage dans l’écurie active. La jument l’a d’ailleurs fait toute seule dans l’écurie pendant que le reste du troupeau était au libre-service. Je compte prendre l’habitude soit de réduire la taille du troupeau en mettant notamment les jeunes à l’herbe soit de sortir la jument du troupeau à l’approche du poulinage.
Pour le sevrage, je ne compte plus faire de servage à 6 mois car c’est trop traumatisant pour le poulain. Je compte laisser le servage se faire naturellement. Je vois d’ailleurs qu’avec la vie en troupeau, le poulain de cette année qui a 3 mois est déjà très autonome et prends déjà beaucoup de distance avec sa mère. Sa mère l’allaitait très bien mais ne s’en occupait pas plus que ça et c’est une autre jument qui s’est le plus chargé de son éducation. Au début, les autres juments l’ont protégé des autres jeunes et il a rapidement pris beaucoup d’assurance. Il va maintenant se confronter aux jeunes d’1, 2 et 3 ans. La vie en troupeau en a fait un poulain super épanoui.
HORSE STOP® : Maintenant que l’écurie se dirige vers un rythme de croisière, quel regard portez-vous sur cette aventure ?
Marion Roujolle – Ecurie Albalia : Pour l’instant, ce n’est que du bonheur de voir les chevaux sous mes fenêtres s’épanouir et vivre une vraie vie de cheval. En termes de bien-être, la promesse est donc 100 % tenue.
En termes de travail, tout faire en tracteur est un vrai bonheur par rapport à l’époque des boxes. Certes, je fais moins de sport de type curage de box mais je ne le regrette pas. Je m’évite en fait les corvées les plus pénibles. Je peux rentrer dans le troupeau avec le tracteur et les chevaux restent parfaitement calmes. Je suis évidemment très prudente mais aucun cheval n’a d’appréhension. Je n’ai plus de galopade de chevaux qui sortent de plusieurs heures de box et qui risquent de se faire mal. Je peux faire visiter l’écurie à des amis au milieu du troupeau et les chevaux restent zen. Les gens sont épatés de constater la sérénité qui règne dans l’écurie. Autre exemple ce printemps, j’ai pu vermifuger tout le troupeau sans utiliser de licol. Les chevaux sont restés calmes et disponibles ; chose que je n’aurai jamais pu faire auparavant.
Pour mon activité, la transition vers l’écurie active est une pleine réussite. Les chevaux sont plus calmes et plus épanouis, je fais un travail plus précis, moins pénible et je profite de la possibilité de les observer sous mes fenêtres. La promesse est tenue !
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