Date de réalisation : 2012/2013

Surface : 4 000 m² stabilisé

Région : Occitanie

Programme : Ecurie active pour 24 chevaux répartis en 2 groupes (12 chevaux jeunes et 12 plus âgés)

 

La ferme équestre de Randeynes est située à Le Monastère dans l’Aveyron en Occitanie. Depuis 1997, elle est spécialisée dans l’accueil de chevaux à la retraite, qu’ils soient en convalescence, fragiles ou handicapés, fraîchement retraités de la compétition ou papy de plus de 30 ans.

Hervé Catusse, propriétaire et gérant de la ferme équestre de Randeynes, nous livre son témoignage sur le sujet très actuel de l’écurie active face à la crise sanitaire en cours. Période délicate où les réflexions sur l’hébergement de nos chevaux reviennent au premier plan.

 

Au niveau de la structure j’ai actuellement 75 chevaux dont 50 chevaux de propriétaires et 25 chevaux qui m’appartiennent. On était à l’époque éleveur de Connemara et de poney Shetland.  il me reste actuellement une quinzaine de Connemara et une dizaine de poney.  Je possède également quelques ânesses, nous produisons des cosmétiques avec leur lait.  Sur l’écurie active, j’ai un potentiel de 24 chevaux réparti en deux groupes de 12. Une dizaine de « jeunes » (de 8 à 17/18 ans) et une dizaine de plus vieux (de 19 à 27/28 ans). Nous pratiquons sur le site deux types de pension: une  pension pré et une pension écurie active. La pension pré est une histoire de moyen. Quand un propriétaire en a la capacité financière  il ne réfléchit pas, il met forcément son cheval en écurie active pour la qualité de vie qu’elle offre.

« Malgré la crise sanitaire actuelle, rien n’a changé pour nous ! »

Quand je vois mes concurrents qui sont confinés aux alentours de chez nous cela me fait mal au cœur. Sur 10 km on a environ 350 chevaux à la ronde, dans des clubs avec des chevaux qui n’ont parfois jamais vu l’herbe et quand ils sont au pré ils sont tous  les uns sur les autres ! Mes voisins ont 41 chevaux divisés en deux, sur des prés : ils sont submergés de coup de fil de propriétaires inquiets à juste titre, « comment on fait, on ne peut pas venir les voir ni les faire travailler »,  etc. Tous les chevaux de club se dé-musclent. Ils ont une malheureuse botte de foin  au milieu du pré. Chez moi rien n’a changé, les chevaux sont aussi heureux que d’habitude ! J’ai juste à rassurer les propriétaires par téléphone.

Hier une propriétaire qui s’inquiétait «mon cheval à l’air tout triste sur la vidéo». En fait la réalité est la suivante : c’est elle qui est malheureuse de ne plus être en contact  physiquement avec son cheval et qui craque malgré l’envoi de photos et vidéos quotidiennes. Imaginez si son cheval était en box, je lui enverrai des photos d’un cheval qui tic à l’ours ? Là ce n’est pas le cas , c’est le top ! j’ai plein de remerciement de partout alors que je ne fais rien de plus que d’habitude.  Mon métier c’est d’être confiné sur 150 hectares donc je ne suis pas malheureux ! Le confinement c’est ma vie ! (rire) Un confinement comme le mien je le souhaite à tout le monde. Rien n’a changé pour nous sauf que mes clients ne viennent pas aux écuries … L’hébergement en écurie active est un gros atout on est bien d’accord !

« L’écurie active prolonge la vie de mes retraités »

Le papinou est décédé la semaine dernière, il a battu le record de 36 ans. C’est un cheval qui était champion d’Europe de dressage en 1997 . Je l’ai eu en pension pendant 20 ans à Randeynes. Dès que j’ai eu l’écurie active sa propriétaire a signé, elle disait «  mon cheval, je le vois plus en écurie active qu’au pré ». Avant d’être en écurie active, il était avec un groupe de chevaux mais ils sont tous morts il y a 5/6 ans. Lui, l’écurie active l’a conservé. Je le dis haut et fort, l’écurie active a prolongé la vie de ce cheval ! Il était avec des « jeunes » de 20 ans, il y avait de la vie, un sol sain, des abris, une alimentation adaptée, cela l’a conservé 5 ans de plus que ses copains.

J’ai des chevaux en pension pré et deux décès à déplorer cette année. Nous avons eu un sol profond en raison l’humidité de cette année. Nous avons dû faire face à de l’arthrose, malgré les compléments apportés à nos pensionnaires. Je donne énormément de rations dans la journée par petites quantités et je fais mon propre foin sur l’exploitation,  c’est donc le top du top au niveau foin. Mais, malgré tout, on est bien d’accord, ce n’est pas le confort des écuries actives.

80% de mes pensionnaires sont à la retraite. Ce sont des chevaux qui ont fait de la compétition, du CSO, qui sont sortis à l’international, parfois même un peu de Horse Ball et des courses.  Je ne vis et ne m’occupe que des vieux chevaux, je sais leurs besoins spécifiques à la retraite et l’écurie active y répond.

Tous les jours je suis présent dans mon écurie active. Je nettoie les crottins, je cure, je peux faire des soins, j’observe beaucoup mes chevaux, bref c’est 100 fois mieux qu’au box, je suis avec eux en permanence et c’est un réel plaisir. L’écurie active, c’est une organisation. Tous les matins je vais nettoyer, je fais le tour de mes chevaux. Ma compagne m’aide en ce moment car on va réaliser les vermifuges et les maréchaux reviennent semaine prochaine. En ce moment, j’ai 8 hectares d’herbe, j’ouvre des paddocks qui font 8 000 m² chacun, chaque jour ils ont 10 cm d’herbe bien fraîche agrémentée de pâquerettes. Actuellement c’est du caviar quoi ! (rire) J’ai quelques cavaliers qui montent, un manège et une carrière. Cela me suffit amplement. Une dizaine de propriétaires sont là une à deux fois par semaine.

On accueille souvent des chevaux qui sortent de boxes, j’ai un pur-sang en ce moment par exemple. Ce sont des chevaux qui  maigrissent en général les premiers mois et les clients ont forcément peur. Je les rassure et leur explique que, « ce sont des chevaux qui font des kilomètres ! » En ce moment ils font 20 à 25 km par jour, en hiver plutôt 13 km. Dans un box, ils faisaient 700 m. Alors qu’ici les chevaux marchent et mangent en permanence. Il y a du stress pour eux au début car leur mode vie change, ils vivent en troupeau et essayent de trouver leur place, ensuite, ils vont prendre du poids, l’adaptation dure environ 1 mois. » Aujourd’hui j’ai le cas avec 3 chevaux qui arrivent de la région PACA, je ne suis ni surpris ni inquiet. L’écurie active est un outil de travail dont je ne peux plus me passer.  Si demain on me disait « tu reprends tes 20 chevaux en boxes », il me faudrait prendre 1 salarié et demi et je n’en n’aurais pas les moyens. Je n’y arriverais pas ni financièrement ni d’un point de vue des conditions de travail pour moi et des conditions de vie pour mes chevaux.

Propos recueillis par : Ariane Lefebvre

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