Le choix d’un hébergement des chevaux en groupe est en général motivé conjointement par des raisons de bien-être des chevaux et des raisons économiques. Les chevaux sont des animaux sociaux et ont à ce titre un réel besoin de contacts sociaux. Ils sont d’ailleurs susceptibles d’exprimer leur mal-être à ce niveau par des troubles du comportement ou de l’agressivité. L’autre avantage de l’hébergement en groupe est économique. Faisons le point sur les avantages qu’il apporte d’abord en faisant un constat honnête sur le besoin en infrastructures et leur coût puis en détaillant les avantages collatéraux que ce soit en temps de main d’œuvre, en coût alimentaire ou en frais vétérinaires.

? Le coût des infrastructures pour l’hébergement des chevaux en groupe.

Dans une infrastructure équestre, il faut loger les chevaux, leur proposer des paddocks ou des parcs, mais aussi des airs d’évolution pour les cavaliers, une sellerie, des parkings, etc. Nous allons ici lister les équipements nécessaires au logement des chevaux pour un hébergement en box classique. Cela inclut : les terrassements, les dalles béton, les boxes, les réseaux électricité et eau, ainsi que les paddocks. Mis bout à bout et en fonction du niveau de qualité requis, ces montants main-d’œuvre comprise varient entre 5000 et 12 000 € par cheval.

L’hébergement des chevaux en groupe est parfois considéré comme un hébergement « pas cher ». Cependant, si c’est le cas pour de grands parcs en été, ça l’est nettement moins en hiver. Pour apporter le confort dont le cheval à besoin, il faudra lui mettre à disposition une aire abritée. Vous devrez également lui proposer un sol suffisamment portant et sain pour qu’il ne finisse pas enlisé dans la boue. On a l’habitude de recommander 10 m² de surface abritée et 100 m² de surface stabilisée par cheval. On pourra distribuer le fourrage et le concentré de façon automatisée pour une écurie active ou manuellement.

Dans une écurie active complète avec tous les équipements, on compte également environ 12 000 € d’investissement par cheval. Pour un logement sans automate et avec une surface stabilisée minimale, on tournera également autour des 5000 € d’investissement.

À niveau de qualité et de confort équivalent, le coût des infrastructures est donc sensiblement équivalent entre un hébergement en groupe et un hébergent individuel. Ce n’est donc pas sur ce critère qu’il faut compter faire de réelles économies.

? La main-d’œuvre

En hébergement individuel, si on opte pour le box, chaque cheval sera alimenté 2 à 3 fois par jour pour le foin et/ou le concentré. Par ailleurs, le box s’entretien et se cure plusieurs fois par semaine, souvent manuellement. Enfin, le cheval devra être sorti au paddock avec changement de couverture en hiver tous les jours. Cela représente un besoin en main-d’œuvre colossal ne générant aucune valeur ajoutée.

C’est majoritairement sur ce point que l’hébergement collectif est plus économique. Bien que parler de temps de travail soit parfois tabou dans le milieu du cheval, il n’en reste pas moins que ce temps doit être valorisé. Avec un hébergement en groupe, le temps consacré aux tâches les plus pénibles est considérablement réduit. Selon les écuries de Lisors (Écurie active installée à Deauville depuis de nombreuses années), le temps de travail d’entretien quotidien pour un groupe de 40 chevaux est inférieur à 2h. Il comprend : curage mécanisé des crottins, remplissage des râteliers et des trémies du distributeur de concentrés selon les besoins. Cela représente une économie considérable. C’est pourquoi un hébergement de chevaux en groupe doit avant tout disposer d’un sol aménagé avec des dalles de stabilisation. Il rend possible le ramassage pratique, voire mécanique, des crottins particulièrement nombreux autour des zones de nourrissage.

L’autre gain de temps réside dans les manipulations des chevaux. Plus besoin de mettre les chevaux au paddock, ils y sont déjà. Pour une écurie de 20 chevaux, on économise au bas mot une heure de travail quotidien.

? Les frais vétérinaires

L’expérience montre que l’hébergement en groupe (en extérieur) limite considérablement les pathologies digestives et respiratoires. En effet l’alimentation est toujours basée sur le fourrage et qu’elle est nécessairement plus étalée sur la journée. On diminue ainsi considérablement les facteurs d’apparition des deux principales pathologies que sont les coliques et les ulcères gastriques.

Dans les écuries en box, le confinement associé à la présence continue de poussières de foin et de litière ainsi que d’ammoniac issu de la fermentation des déjections constituent le cocktail malheureusement idéal au développement des pathologies chroniques comme l’emphysème. Celui-ci est malheureusement à l’origine de complications de gestion de l’alimentation des chevaux et à terme met prématurément fin à leur carrière sportive.

Tous ces facteurs sont naturellement éliminés de l’environnement des chevaux hébergés en groupe en extérieur. Bien que ce chiffre soit à moduler, on parle de70 % de frais vétérinaires en moins pour des écuries hébergeant les chevaux en groupe.

? Le coût alimentaire

L’hébergement des chevaux en groupe pose naturellement la question du mode d’alimentation. Comme les chevaux sont au contact les uns des autres, la présentation de leur alimentation va être soumise à la hiérarchie sociale du groupe. C’est pourquoi la base de la ration se compose inévitablement de fourrage. Il peut être de l’herbe pâturée à la belle saison, et c’est du foin parfois accompagné avec de l’enrubanné qui sera la base de la ration en hiver. Si les besoins du cheval le nécessitent, il peut se complémenter en concentrés, mais ce n’est pas systématiquement le cas. En effet, beaucoup de chevaux de gabarit moyen avec un niveau d’activité modéré sont exclusivement nourris avec du fourrage et s’en portent à merveille.

Il faut bien se rendre compte que l’alimentation à base de fourrage (à hauteur de 9 à 15 kg de foin selon le gabarit du cheval représente en réalité un coût alimentaire beaucoup plus faible qu’une alimentation comprenant une part importante de concentrés. En effet, l’UF de foin peut être estimée entre 0.06 € pour du foin autoproduit contre 0.2 € pour du foin de qualité acheté. L’UF de grain pour un granulé classique tourne autour de 0.65 €. On comprend vite que le coût de la ration augmente très rapidement avec la part de concentré qu’elle comprend.

Si la diminution de la part de foin dans la ration résulte souvent de problématiques pratiques de distribution, de stockage et de manutention, prendre la question par sa dimension économique ramène le foin au centre de l’alimentation du cheval. Cela tombe bien, car c’est aussi un facteur de santé pour le cheval beaucoup moins sujet aux ulcères et aux coliques lorsque son alimentation comprend beaucoup de fibres.

Le mot de la fin sur l’hébergement des chevaux en groupe…

La plupart des écuries actives qui accueillent de chevaux anciennement hébergés en box voient leur ration de concentré largement se réduire. Cela est notamment du à la proportion de fourrage qui augmente. Cela peut aussi trouver son origine dans la diminution du stress. Le cheval économise ainsi son énergie et voit ses besoins de maintenance diminuer.

S’il n’est pas toujours possible d’héberger les chevaux en groupe pour des raisons techniques ou de sécurité, on constate lorsque c’est le cas que des économies significatives sont possibles. Le montant d’investissement de l’infrastructure n’est probablement pas celui sur lequel il faut compter pour de réelles économies. En effet, cela se ferait au détriment du confort des chevaux. En revanche, la main-d’œuvre et le coût alimentaire représentent des facteurs d’économie importants par la suite. Ils vont également de pair avec une meilleure santé des chevaux. Ainsi que  du temps libéré pour le personnel qui pourra, à la place des tâches pénibles de curage et de distribution des rations, consacrer plus de temps aux chevaux eux-même. Cela inclut notamment les soins, le travail des chevaux, l’instruction et la relation avec la clientèle.