Avec le dérèglement climatique, il va falloir s’habituer à des épisodes de sècheresse de plus en plus fréquents et intenses. La gestion de l’herbe devient donc un des piliers de l’économie des établissements équestres. Le prix du fourrage augmentant, en limiter le gaspillage est impératif. Le râtelier est un des équipements incontournables à cet effet ; attention toutefois à ce que ce dernier garantisse une sécurité optimale pour les chevaux. Après avoir énuméré les principaux risques et les blessures fréquemment observées, nous ferons le tour de tous les éléments à vérifier et à prendre en compte lors de l’achat d’un râtelier.
Absence de norme concernant les râteliers
Il faut savoir que la commercialisation de râtelier ne fait l’objet d’aucune norme de sécurité par rapport aux chevaux. C’est donc la responsabilité personnelle qui est mise en cause en cas d’accident avec un équipement. Si un accident grave avec un cheval est quoi qu’il en soit dramatique, cela devient d’autant plus problématique lorsqu’il survient dans le cadre d’une pension rémunérée. Les professionnels doivent donc être d’autant plus vigilants que leur responsabilité est engagée.
Il est aujourd’hui quasiment entré dans les mœurs de ne plus donner de foin dans des râteliers en hauteur de type râtelier mural du fait de la poussière qui tombe directement dans les naseaux et de la position anti physiologique que cela génère. Le cheval trouve naturellement la majorité de son alimentation au sol et l’anatomie de son tube digestif est adaptée à cette position « tête en bas », le râtelier doit donc la promouvoir autant que possible.
Le risque de se coincer un membre
C’est la hantise de tout propriétaire de cheval que de retrouver un jour son cheval le membre coincé, voire cassé dans un espace étroit. Accident malheureusement encore trop courant, il entraine souvent l’euthanasie de l’animal sinon des blessures avec cicatrices voire séquelles. Sans compter le temps d’indisponibilité du cheval qui est à prendre en compte dans le cas de carrières sportives. Pour toutes ces raisons, l’IFCE recommande un espace inférieur à 6 cm entre barreaux des boxes. Cette donnée a été établie pour prévenir le fait qu’un poulain puisse s’y coince un pied. D’autre part, lors de l’Equimeeting infrastructures IFCE de 2014, une étude suédoise montrait que la violence d’un coup de pied de cheval reçu de plein fouet déploie une énergie telle qu’aucun barreaudage, même conforme aux règlementations de saurait y résister et que le pied peut donc tout de même passer entre des barreaux pleins écartés de 6 cm. Dans le cadre d’un choix de râtelier, il est donc préférable d’une part de respecter cette recommandation tout en gardant à l’esprit qu’un barreaudage, même conforme ne saurait mettre totalement à l’abri.
Attention à l’utilisation de râteliers pour bovins
On peut d’ailleurs constater que la plupart des râteliers pour bovins ne respectent pas cette recommandation. Le plus accidentogène est sans doute le râtelier bovin avec une série de « cornadis » formant des arceaux renforcés en leur centre par un barreau vertical. Nombre de chevaux y ont malheureusement laissé une jambe … et la vie.
Râteliers galvanisés
Plus pernicieux, les râteliers galvanisés destinés aux équins avec passage de tête entre des barreaux verticaux. Les cadres galva avec passages d’encolure ne sont généralement pas problématiques, mais l’espace entre le cadre et les montants du râtelier mesure en général entre 8 et 12 cm, il est de plus occupé par une goupille servant d’axe à la charnière entre le cadre mobile et du montant du râtelier. Malheur au cheval qui y passe le pied !
L’autre risque de blessure avec membre coincé provient non pas des barreaux, mais des profils avec un retour horizontal comme on voit notamment sur les râteliers à balle ronde de type « pince » ; modèles que l’on croise très fréquemment. Le cadre inférieur du râtelier présente un rebord vers l’intérieur destiné à maintenir le foin sur le plancher surélevé du râtelier. Il retient également un pied de cheval au niveau des glomes lorsque celui-ci vient à passer l’antérieur dedans. C‘est d’autant plus vrai si le cheval est ferré des antérieurs et que l’éponge du fer sert de point d’accrochage sur le râtelier.
Attention au passage des membres dans certains râteliers
Cette manœuvre peut paraitre acrobatique et peu probable, mais elle est en réalité beaucoup plus fréquente qu’on ne l’imagine. Il suffit de constater le nombre de chevaux qui passent les antérieurs dans les abreuvoirs en été, ceux-là sont tout à fait capables de mettre un pied dans un râtelier. J’en ai personnellement subi les conséquences. En retirant son pied, le cheval s’est arraché le glome, ce qui a eu pour conséquence une grosse cicatrice touchant la couronne. Elle génère un défaut de pousse de corne et une fragilité du pied à vie… malvenu pour un cheval destiné à une carrière de sport. Au regard des frais vétérinaire et de soins engendrés, le tarif d’un râtelier sécurisé était tout à fait compétitif !
Les profils contondants
Tous les râteliers métalliques finissent par présenter des points de rouille notamment dans les coins et angles soumis aux frottements et aux chocs. Autant de profils contondants à l’origine de blessures potentielles. L’autre point critique de beaucoup de râteliers est celui de la structure servant au transport sur l’attelage 3 points du tracteur. Il est inévitablement proéminent et à hauteur des membres des chevaux. Un risque de blessure supplémentaire.
Le râtelier en bois « fait maison »
C’est une solution économique, mais souvent à court terme seulement. En effet, le bois fait partie intégrante du régime alimentaire du cheval. Le râtelier ainsi fabriqué sera donc à plus ou moins long terme soumis aux dents des chevaux, mettant à jour et éparpillant autour de lui clous, vis et autres boulons et tirefonds susceptibles de finir dans le tube digestif ou dans la sole d’un cheval. De plus, les échardes produites lorsque le cheval ronge le bois sont elles aussi susceptibles de générer des blessures et des interventions vétérinaires qui rendent très relatives les économies réalisées avec cette construction de fortune.
La visibilité
Pour le cheval, garder un point de vue sur l’environnement est une question de sécurité voire de survie. Cela lui permet de voir venir les potentiels dangers ainsi que les congénères. Ainsi, le cheval qui a la tête dans un râtelier de type « cloche » qui lui masque largement le champ de vision sera surpris en percevant au dernier moment l’approche d’un congénère et sa réaction pourra être d’autant plus vive que ce dernier est dominant et caractériel. Les blessures occasionnées dans ce cas se situent surtout au niveau de la tête. Elles sont généralement bénignes, mais néanmoins douloureuses et générant des soins et des repousses de poils blancs disgracieux au niveau des salières.
Quel râtelier choisir ?
Tout d’abord, choisir un râtelier dont le format correspond à celui des bottes de foin que vous utilisez ou que vous êtes en mesure de vous faire livrer. Une fois ces considérations logistiques réglées, le choix doit être entièrement tourné vers la sécurité. En effet, nourris au foin, les chevaux passent plus de 65% de leur temps à proximité des râteliers. S’il y a un risque, l’accident arrivera inévitablement un jour ou l’autre.
On suivra donc les recommandations suivantes :
- Une position « tête en bas »
- Des profils ronds
- Pas de barreaudage (idéalement)
- Espaces entre montant et/ou barreaux inférieurs à 6 cm (recommandation IFCE)
- Bonne visibilité sur l’extérieur pour le cheval qui mange.
Évidemment pour des questions de praticité et de rentabilité, la robustesse et la facilité seront également des éléments de choix importants.
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