Le foin et la paille consommés régulièrement en litière et alimentation des chevaux nécessitent un stockage. Si certaines écuries optent pour une alternative à la paille avec un autre mode de litière, se passer de foin dans l’alimentation du cheval se fait au détriment de sa santé et de son bien-être. Hors saison ou possibilité de pâturage, le foin est la base de l’alimentation du cheval. Sa consommation représente donc la majeure partie de son activité quotidienne. Du fait du risque incendie inhérent au stockage, nous aborderons d’abord la question de la règlementation sur le stockage. Puis, nous détaillerons l’approche autour de la sécurité qui influence l’implantation de bâtiments de stockage. Nous évoquerons ensuite les différentes solutions techniques possibles. Enfin, nous rentrerons dans la dimension pratique quotidienne en évaluant le besoin de volume de stockage puis la manutention à l’écurie jusqu’à la distribution.

Règlementation sur le stockage des fourrages

Les stockages de fourrage de plus de 1 000m³

L’objectif de la règlementation sur le stockage des fourrages est la lutte contre le risque d’incendie. La règlementation ICPE 1530 concerne les dépôts spécifiques de papiers, cartons et autres matériaux combustibles, dont la paille, les fourrages. Les volumes de stockage supérieur à 1 000 m³ (et inférieur à 20 000 m³) sont concernés par le régime de déclaration.

Les limites du stockage doivent être implantées à une distance de l’enceinte de l’établissement d’au minimum 10 mètres pour les installations d’un volume inférieur à 10 000 m³ (15 m au-delà de 10 000 m³, rarissimes dans le domaine du cheval). Le stockage peut être implanté à une distance inférieure de l’enceinte en cas de mise en place d’un mur coupe-feu, d’un rideau d’eau, d’un système d’extinction automatique. Il est par ailleurs situé à plus de 15 mètres de tous les produits et installations susceptibles de produire des effets toxiques ou des explosions en cas d’incendie.

Les stockages de fourrage de moins de 1 000m³

En pratique, pour les stocks de fourrages inférieurs à 1000 m³, plus fréquents dans le milieu équestre, on devra ménager 8 m entre le stockage et tout autre bâtiment. Il est aussi envisageable d’installer un dispositif coupe-feu paroi coupe-feu 2h et porte coupe-feu 1h) entre le stock de fourrage et le bâtiment accolé (écurie, club house ou autre).

Les documents à consulter pour tout projet de stockage de fourrage

En préparation de tout projet, 2 documents sont à consulter impérativement.

  • Le RSD (règlement sanitaire départemental)
  • et le PLU (Plan Local d’Urbanisme) qui donnent les spécificités règlementaires locales qui peuvent faire l’objet d’adaptations par exemple en zone à fort risque, en montagne, etc.

Dans le cadre de ses pouvoirs de police administrative (article 2212-2 du code général des collectivités territoriales), le maire d’une ville doit prendre les mesures nécessaires pour prévenir les incendies. Il est donc utile de se rapprocher de la municipalité pour connaitre les éventuels arrêtés locaux en matière de sécurité incendie.

stockage du fourrage

Sécurité incendie

Une fois passée cette approche administrative, il convient de comprendre la démarche de sécurité générale qui permet de diminuer le risque. Un incendie résulte toujours de la mise en présence d’un combustible (ici la paille ou le foin) et d’une source d’inflammation (étincelle, surface chaude) en présence d’oxygène. Or, un stock de fourrage représente un potentiel calorifique énorme. Il est donc important de limiter cette mise en présence notamment en séparant le stockage de fourrage :

  • des produits inflammables (phytosanitaires, engrais, etc.)
  • des véhicules (on observe trop souvent le camion garé à l’abri à côté du tas de paille dans les écuries)
  • de l’atelier.

Les solutions à mettre en place

Dans ces cas, on construit un mur en parpaings pour isoler le stock. Il est aussi possible de ménager un espace propre de 3 à 4 m entre le véhicule (ou l’atelier) et le fourrage.

La sécurité active est aussi à anticiper en cas d’incendie. Un personnel ayant reçu une formation incendie aura les bons réflexes. Il évitera également de générer des risques et pourra ainsi limiter les conséquences d’un départ de feu. De même, la présence d’extincteurs régulièrement révisés peut permettre d’éviter un drame, même lorsque ça n’est pas obligatoire.

Implantation des bâtiments

Cette approche sécuritaire doit perdurer jusque dans l’implantation du stockage. Il doit être facilement accessible aux véhicules de sécurité incendie. Parallèlement, ils conditionnent le travail quotidien. Ils doivent donc être aussi proches que possible des lieus d’utilisation du fourrage (écurie, stabulations, parcs.). On prendra en compte le fait que la manutention du fourrage sème à tout vent des brins de paille et de foin et rend la zone de manutention peu esthétique. On aura avantage à éviter de la coller à une zone d’accueil du public. Un accès de type « zone technique » différencié de l’accès public est la solution idéale dans la mesure du possible. Par ailleurs, une zone de dégagement de 15 m autour du bâtiment est recommandée pour faciliter la manutention.

Modes de stockage avantages / inconvénients

Le fourrage doit être protégé des intempéries pour conserver ses qualités nutritionnelles et sanitaires. À ce titre, le stockage sous bâche est particulièrement décevant. En plus d’être mal pratique et disgracieux, il génère inévitablement une forte condensation sous la bâche qui se transforme en champignonnière, générant ainsi emphysème et autres pathologies respiratoires chez le cheval comme chez l’humain.

Les deux modes de stockage efficace les plus communs sont le bâtiment spécifique souvent en bois ou le tunnel. Un bâtiment bois avec une large ouverture en façade est la solution la plus pratique. Elle permet un tri par qualité de fourrage (paille, et différents types de foin). Le tunnel de stockage représente une solution plus économique, mais moins esthétique. Il peut toutefois s’intégrer à un projet s’il est masqué par une haie ou un autre bâtiment. En l’absence d’accueil de public (élevage, entrainement ou écurie de valorisation), cette dimension importe moins.

De manière générale, on portera une attention particulière au sol sur lequel le fourrage est posé. L’utilisation de palettes pour prévenir les remontées d’humidité est une pratique courante efficace.

Calcul des besoins en volume de stockage et manutention

Le calcul des besoins en volume de stockage se fait sur la base des données suivantes :

  • Hauteur maximale 4m pour des raisons de sécurité (à moduler selon les outils de manutention de l’écurie)
  • Volume nécessaire par mois/ cheval : 8 m³ (foin + paille)

En ayant pris soin de bien identifier le format (rondes, carrées haute densité ou petites bottes carrées) des bottes de fourrage et leurs dimensions, on peut alors définir le volume de stockage nécessaire par mois

Calcul des besoins en volume de stockage et manutention

Le calcul des besoins en volume de stockage se fait sur la base des données suivantes :

  • Hauteur maximale 4m pour des raisons de sécurité (à moduler selon les outils de manutention de l’écurie)
  • Volume nécessaire par mois/ cheval : 8 m³ (foin + paille)

En ayant pris soin de bien identifier le format (rondes, carrées haute densité ou petites bottes carrées) des bottes de fourrage et leurs dimensions, on peut alors définir le volume de stockage nécessaire par mois

stockage du fourrage

Exemple de stockage du fourrage

Ex : pour une écurie de 20 chevaux, on comptera pour 1 mois : 8×20=160 m³ de stock.

Par ailleurs la hauteur du bâtiment doit être en cohérence avec la capacité de la fourche de tracteur ou du télescopique. L’objectif est d’optimiser l’emprise au sol du bâtiment ou du tunnel de stockage.

En fonction de la fréquence d’approvisionnement, de son coût et des surfaces disponibles, on pourra alors adapter le stockage du fourrage. Soit en optant pour un investissement dans un grand volume de stockage ou pour des approvisionnements plus réguliers.

Privilégier le côté pratique

Que l’on soit professionnel ou particulier, le bâtiment de stockage du fourrage est certainement celui qui fait le moins rêver après la fumière. Le négliger serait pourtant une erreur. Lorsqu’il est bien pensé et bien implanté, il génère un gain de praticité conséquent ! Il permet de gagner du temps, de la pénibilité et limite les risques d’accident (fréquents) liés à la manutention.

Investir dans un stockage de fourrage adapté et un outil de manutention fonctionnel

Pour une écurie pro, l’investissement cohérent entre un bâtiment de stockage adapté et un outil de manutention pratique, efficace et polyvalent est indispensable. On évitera le stock tampon dans l’écurie qui génère un gros risque d’incendie. En effet, on ne peut pas maitriser tous les agissements du personnel, des clients ou des visiteurs peu sensibles aux conséquences que peuvent avoir un mégot mal éteint ou le non-respect de l’interdiction de fumer dans l’écurie.

Du côté du particulier, c’est l’outil de manutention fait généralement défaut. Il convient donc de raisonner en termes de proximité. Le stockage du foin dans un abri de distribution est une solution particulièrement pratique lorsque le nombre de chevaux est faible. De cette manière, le foin passe directement du stock au râtelier sans faire perdre de temps et sans se fatiguer le dos.

Le mot de la fin…

Pour éviter que le rêve d’écurie ne tourne au drame de l’incendie, pour passer plus de temps avec ses chevaux et moins à remettre la bâche sur le tas de paille, mieux vaut consacrer un peu de temps à l’élaboration d’un mode de stockage des fourrages efficace et fonctionnel. Le temps et la réduction de pénibilité ainsi gagnés en valent le coup !

Je configure mon projet de distribution de fourrage