Mesure 1 : Veiller à établir une relation de confiance

La relation homme cheval et le bien-être

On peut imaginer la construction de la relation homme – cheval comme une succession d’expériences agréables ou désagréables. La balance globale penchant plutôt vers une relation de confiance si le cheval en tire un certain bien-être ou vers une relation conflictuelle si elles lui sont désagréables. Si les démonstrations de mauvaise humeur sont spectaculaires comme les morsures ou coups de pieds, les signes de bien-être sont souvent plus discrets. Cela s’observe par du relâchement, du repos couché, la proximité que le cheval instaure avec son soigneur etc.

Certaines interventions sont par nature plutôt désagréables pour le cheval comme la vermifugation ou l’embarquement et le transport. L’utilisation de récompenses par exemple alimentaires permet de mieux « faire passer la pilule de ces interventions ». De même, un apprentissage progressif par habituation évite les séances désastreuses où l’on force le cheval à se plier à nos obligations. C’est souvent le cas pour l’embarquement. Des séances de préparation font gagner du temps et améliorent la relation de confiance.

Monde sensoriel du cheval, environnement et bien-être

Le monde sensoriel du cheval est caractérisé par une ouïe plus fine que le notre, un odorat également plus fin et surtout une vue très différente. Il est bichromate (vision des couleurs qui se rapproche de l’équivalent du daltonisme humain), a une faible acuité (vision des détails), et est hypersensible aux mouvements. Il est donc important qu’il dispose de points de vue larges et qu’il ne soit pas surpris par le surgissement d’un soigneur au coin du mur. On aménagera donc les écuries ouvertes et lumineuses. Mieux, les modes d’hébergement en extérieur comme les écuries actives laissent place à une large perception de l’environnement et apportent plus de sérénité.

Alimentation et relation homme cheval

Suis-je mieux perçu par mon cheval si je lui apporte à manger ? Réponse normande : oui et non. Apporter une friandise de façon ponctuelle améliore sans doute la relation. Le travail en renforcement positif avec une friandise améliore également la motivation du cheval et donc la relation. Par contre, le fait d’être celui qui apporte à manger tous les jours n’est pas forcement mieux perçu. Quand toute l’écurie tape dans les portes et est surexcitée pendant la distribution de grain, le stress est important et on ne peut pas dire que cela traduise du bien-être. Il suffit d’observer la position des oreilles des chevaux pour s’en convaincre.

De nombreuses études ont montré qu’une distribution automatisée avec beaucoup plus de repas en petites quantités diminue le niveau de stress des chevaux. Cela n’est possible que par l’installation d’automates de distribution. Ces équipements existent soit pour les boxes, soit pour alimenter les chevaux en groupe.

Les indicateurs de bien-être

• Le temps de repos couché est un indicateur reconnu de bien-être. Plusieurs facteurs l’influencent : Pour les chevaux hébergés au box, plus le box est spacieux, plus le cheval va s’y coucher volontiers. De même, la souplesse du sol favorise une augmentation du temps de repos couché. L’utilisation de matelas confort ou de tapis caoutchouc en plus de la litière améliore ce paramètre.
• De même, une locomotion lente témoigne d’apaisement plutôt que l’utilisation des allures rapides réservées à la fuite et aux interactions sociales. La relation à l’homme témoigne de façon importante du bien-être des chevaux.
• Enfin, la relation à l’homme est un excellent indicateur de bien-être. En effet, l’agressivité envers ce dernier témoigne d’une forme de mal-être. Cela peut provenir de comportements de l’homme si ce dernier est colérique ou trop impulsif. Cela peut également provenir de douleurs liées à la présence de l’homme comme des douleurs dorsales. Mais des comportements agressifs peuvent également être la conséquence d’un hébergement inadapté combinant un isolement social et un confinement au box prolongé. Il en résulte un état de mal-être général que le cheval exprime par de l’agressivité. Revenir aux bases en lui permettant plus de temps au paddock, une alimentation avec plus de fourrage et la possibilité de contacts sociaux avec ses congénères suffit parfois à améliorer son bien-être.

L’observation fine des comportements notamment au cours des interactions avec l’humain donne beaucoup d’indications sur leur état de bien-être. Cela traduit non seulement la façon dont le cheval perçoit l’humain mais cela donne des indications plus générales sur son état de bien-être. Il est primordial de garder à l’esprit que les conditions d’hébergement sont indissociables de la qualité de la relation à l’homme. Aménager un hébergement agréable pour le cheval nécessite de répondre aux caractéristiques comportementales de son espèce et à mettre en question notre vision parfois très anthropomorphique du bien-être.