Date de réalisation : 2019

Surface : 2 500 m² stabilisé

Région : Auvergne-Rhône-Alpes

Programme : Ecurie active pour 20 chevaux 

L’écurie des 1000 est située à Chilly (74) à proximité de Cruseilles, Poisy, Sillingy et La Balme-de-Sillingy en Haute-Savoie. Elle propose des activités de pension et d’école d’équitation. L’écurie active héberge une vingtaine de chevaux. Elle est dirigée par Emilie Dumur Berno qui a réalisé la transition de l’hébergement des chevaux en box vers l’écurie active en 2018-2019. Elle nous partage l’histoire de cette transformation qui a provoqué de profonds changements dans son approche du cheval et dans ses pratiques équestres.

 

EA : Quelles sont les raisons qui vous ont poussées à cette transition vers l’Ecurie active ?

EDB : Je pourrais répondre que je voulais améliorer le confort et le bien-être de mes pensionnaires mais pour être honnête, le déclencheur initial de cette démarche a été le départ de plusieurs clients vers l’écurie active Lo Vardiafs. « Ton écurie est super mais on a trouvé un vrai paradis pour nos chevaux alors on s’en va, on est désolés ». C’étaient des clients que j’appréciais car nous partagions la même approche du bien-être du cheval et nous avions des valeurs communes. Je me suis alors renseignée sur ce concept dont j’ignorais tout. Je suis allée visiter l’écurie Lo Vardiafs où Pauline m’a gentiment accueillie et ça a été un véritable coup de cœur. Comment avais-je pu passer à côté de ce concept ?

L’incompréhension était derrière moi, j’avais compris qu’un autre univers existait au-delà de ce monde fermé du concours hippique dans lequel j’évoluais. J’étais alors animée par un enthousiasme et une détermination inébranlable. J’ai donc décidé de n’en parler à personne dans le milieu du CSO pour ne pas avoir à entendre une multitude de tentatives de découragement ; Je serais passée pour un ovni ! J’étais intimement persuadée que les chevaux seraient mieux dans une écurie comme Lo Vardiafs. Je suivais cette dernière sur les réseaux sociaux et j’ai vu l’engouement que sa démarche suscitait ainsi que sa réussite quant au remplissage de son écurie. Je me suis donc à mon tour immédiatement lancée dans l’aventure.

EA : Pouvez-vous nous décrire comment s’est déroulée la phase chantier ?

EDB : J’adore faire des projets et j’ai donc adoré imaginer l’écurie et son fonctionnement. Arnaud Lallemand, l’expert écurie active – HORSE STOP® est venu sur place et nous avons analysé en détail, les possibilités d’agencement, de réutilisation de l’existant et de phasages ultérieurs de l’écurie. Cela a été passionnant et j’étais très enthousiaste. Afin de me permettre de respecter le budget défini pour ce projet, les échanges et l’identification des priorités ont été indispensables.

La phase de travaux a proprement dit a été plus compliquée. Hélas, à l’époque, HORSE STOP® ne proposait pas encore sa prestation de suivi de chantier, cela m’aurait aidé. Nous avons eu la chance de travailler avec un excellent terrassier qui nous a fait des plateformes irréprochables pour supporter le passage des engins et des chevaux. C’est un point clé de la réalisation. Pour l’installation des clôtures et des abris de distribution, nous avons eu quelques soucis due au manque d’expérience du poseur sur ce type de matériel mais tout est presque rentré dans l’ordre aujourd’hui.

Le plus difficile physiquement a été la pose des dalles lourdes qui portent bien leur nom. Il faut impérativement avoir une main-d’œuvre robuste et nombreuse pour cette phase des travaux.

EA : Pouvez vous nous partager votre expérience sur la conduite du troupeau ?

La première année, nous avons eu beaucoup de chevaux à intégrer en hiver et ça n’a pas été simple. Après la découverte du groupe grâce au box d’intégration, le cheval est intégré au troupeau et c’est une période sensible : le nouvel arrivant étant systématiquement mis à l’écart par le groupe. C’est une phase « naturelle » mais que le propriétaire a parfois du mal à vivre car il sent que son cheval n’est « pas heureux ». Avec le temps, le cheval trouve sa place et son épanouissement dans le groupe. Tout rentre alors dans l’ordre. Maintenant que le troupeau est au complet entre les chevaux de club et de pension, je ne vais intégrer les nouveaux arrivants qu’en période estivale à partir du moment où ils auront accès aux pâtures. Ce sera plus simple pour les chevaux et pour nous.

Nous avons directement ouvert l’école d’équitation avec l’écurie active. Les chevaux d’instruction qui pouvaient pour certains avoir une réputation de « bad boy » avant d’arriver ici se sont révélés paisibles et faciles grâce au fait qu’ils vivent entre eux et que leur mode de vie ne génère pas d’effet rebond lors des reprises du club.

J’adore présenter les écuries aux familles qui viennent découvrir le club. Je les amène dans l‘écurie active et je leur explique qu’ici, « on est chez les chevaux » avec la salle à manger, la salle de jeux, la chambre etc. Ils n’en reviennent pas car ils n’ont jamais vu ça auparavant. Les chevaux sont certes, un peu moins propres qu’en box, mais ils sont plus à l’écoute des cavaliers et c’est capital pour bien apprendre, pour trouver rapidement de bonnes sensations et une bonne connexion avec son cheval. C’est une approche qui doit plaire car bien qu’étant dans la campagne voisine des principales agglomérations, nous avons enregistré 130 licences pour notre 1ere année. L’enseignement doit y être également pour quelque chose mais je vois bien les retours des parents et des cavaliers, ils apprécient la façon dont nous traitons les chevaux et poneys du club.

EA : Quels sont selon vous, les points de vigilance et les points clés pour la réussite d’un tel projet ?

EDB : Gérer la cavalerie de club en écurie active est simple. La stabilité du troupeau est un point clé pour passer d’un hiver « confiné » à l’écurie active dans le calme. C’est donc plus dans le rapport avec les propriétaires qu’il faut à mon sens être vigilant pour que tout se passe bien. Avec l’expérience, lors de l’entretien avec un propriétaire pour un nouveau pensionnaire potentiel, j’apporte à présent beaucoup plus d’importance à l’intention du propriétaire de s’engager sur le long terme. Un engagement de seulement quelques mois risquerait de compromettre cette stabilité acquise.

Nous avons été également surpris par la quantité de crottins qu’un troupeau de 20 chevaux peut produire quotidiennement. La mécanisation du curage est indispensable et à ce titre, le sol est également un élément clé car il doit supporter le passage quotidien de la balayeuse. Nous avons un peu tâtonné pour régler cet outil mais aujourd’hui le système est opérationnel.

Enfin, l’accès au fourrage m’est également apparu comme un point de vigilance. Nous avions initialement 2 abris de distribution 15 places et le troupeau était agité ; les chevaux pratiquaient le jeu des chaises musicales pour accéder au foin. L’ajout d’un râtelier Durapoly a permis de calmer tout le monde et la zone d’affouragement est redevenue paisible.

Enfin, l’emploi de filets à foin a été indispensable pour éviter la surconsommation et le gaspillage. Ils mangent tout de même entre 12 et 15 kg de foin quotidiennement. Nous avons utilisé avec succès des filets à foin petites mailles pour limiter le tour de taille des plus goinfres, faute de les faire réellement maigrir.

 

EA : Depuis votre passage en écurie active, qu’est-ce qui a changé ?

EDB : Tout (rires !)

Voir les chevaux aussi épanouis et heureux me fait presque culpabiliser de les avoir laissés en box auparavant. Observer leur personnalité, découvrir qui ils sont, c’est pour moi un vrai motif de satisfaction et de plaisir. Je pourrai rester des heures à les observer interagir et pour rien au mode je ne reviendrai en arrière.

Pour le centre équestre les chevaux sont plus en forme et à la fois plus calmes et donc nos cavaliers plus en sécurité.

Là où cette aventure a aussi changé beaucoup de choses pour moi, c’est avec mes chevaux de concours qui ne sont pas sur le même site. Je rêve de pouvoir les héberger eux aussi en écurie active et ce jour viendra. En attendant, j’ai totalement changé mon approche. Je les ai déferrés et je fais tout pour leur permettre de passer un maximum de temps ensemble au paddock ou dans le manège. Le DAC et l’apprentissage par renforcement positif ont changé ma vision et mes pratiques dans le travail avec les chevaux. J’ai intégré du travail à pied pour développer une meilleure relation avec eux. Alors qu’ils pouvaient avoir une petite baisse de forme et de moral en milieu de saison, j’ai constaté qu’ils ont gardé voir développé leur motivation à travailler avec moi.

En réalité, ce changement m’a ramené à ce qu’était ma première motivation à savoir me consacrer à ma passion du cheval. Je fais aujourd’hui les mêmes choses qu’avant mais de manière profondément différente avec tellement plus de plaisir et de complicité avec mes chevaux.

 

Propos recueillis par : Arnaud Lallemand

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